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11 mai 2009

Le pouvoir d’achat européen, une arme contre la déforestation

PABLO FRANCESCUTTI (traduction : Alain Lamarque)

Nous avons, nous consommateurs, une arme très efficace entre nos mains et si nous savons l'utiliser, nous pouvons faire bouger les montagnes. Qui dit montagnes, peut également dire forêts bien que les bouger ne nous intéresse pas autant que de les laisser à leur place. La diplomatie européenne l'a démontré avec le traité qu'elle a négocié avec la République du Congo. L'accord  rendu public à Bruxelles et Brazzaville met en place pour la première fois un système destiné à assurer que les bois importés du Congo ne proviennent pas de taille illégale et à contribuer par ce moyen à la préservation de la forêt tropicale.

L'Union Européenne est une grande consommatrice de bois et de ses dérivés. Des chiffres récents indiquent qu'elle importe chaque année 165 millions de mètres cubes des bois dont environ 16 à 19 pour cent proviennent de coupes illégales, Les importations risquent fort de continuer : on estime que la demande européenne en relation avec le papier augmentera de 80% dans les vingt prochaines années. Il est temps de mettre ce formidable pouvoir d'achat au service du commerce soutenable et du Traité de Kyoto, étant donné que la déforestation mondiale produit un cinquième des émissions de gaz à effet de serre.

Dans le cas concret du Congo, l'UE y achète chaque année pour 240 millions d'euros de produits issus de la forêt. Ces produits proviennent de la Vallée du Congo , la seconde forêt tropicale la plus vaste du monde. Afin de garantir le caractère soutenable dudit écosystème, le Voluntary Partnership Agreement ou « Accord d'Association Volontaire » a été négocié. Le terme « volontaire » reflète la volonté des acheteurs (les consommateurs européens) de contractualiser des règles commerciales avec les vendeurs (les congolais) au lieu de leur imposer unilatéralement de restrictions douanières. De cette manière on recherche une vraie implication des exportateurs dans le processus.

L'accord entrera en vigueur en 2011 et stipule que les produits en question devront entrer dans l'UE accompagnés d'une licence qui démontre qu'il s'agit de bois coupé et vendu légalement, obtenu sans préjudice pour l'intégrité des forêts congolaises et au bénéfice des populations locales. L'Europe s'engage à offrir une assistance technique en ce qui concerne la norme et le contrôle environnemental.

Pour s'assurer que les bois proviennent de forêts exploitées de manière soutenable une « chaîne de surveillance » sera implantée pour le suivi de chaque envoi de bois depuis la coupe des arbres dans la forêt jusqu'à l'arrivée dans les ports, en passant par son transfert dans les scieries. De même sera crée, et pour la première fois, un mécanisme qui permettra la participation des groupes de la société civile congolaise à la création de lois forestières et à la surveillance de l'industrie forestière.

L'accord s'ajoute à celui conclu avec le Ghana au mois de septembre dernier. Des pactes semblables sont en cours de négociation avec le Libéria, le Cameroun, la Malaisie, le Vietnam et l'Indonésie. Le Gabon et la République Centrafricaine ont montré de l'intérêt et initié des négociations de même type. Avec ces mesures l'UE commence à réduire la distance avec les Etats Unis, qui l'an passé ont actualisé une loi existante dans le but de criminaliser la coupe illégale. Les écologistes ont critiqué la lenteur de la Commission Européenne à passer de la parole aux actes, la décision de stopper le flux de bois illégaux vers les marchés communautaires ayant été prise  en 2003.

 

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