20 mai 2009
Martine Aubry n’assume pas
On se rappelle bien que Martine Aubry a été nommée première secrétaire du PS par une coalition hétéroclite qui voulait faire barrage à Ségolène Royal. Il fallait à tout prix l’éliminer du jeu pour que les autres présidentiables puissent affûter leurs armes et se préparer tranquillement pour 2011-2012.
L’objectif de cette coalition était de naviguer tant bien que mal jusqu’aux européennes et de faire le meilleur score possible.
Leur première stratégie aura été d’écarter toute entrée des Royalistes au sein de la direction. Puis devant la contestation interne elle a dû s’y résoudre pour apaiser les esprits, surtout à l’approche d’une échéance politique importante. Dans ce cas on a besoin de tout le monde.
Mais cette entrée s’est faite a minima, une dizaine de secrétaires nationaux et adjoints, sur plus de 50. On ne peut pas dire que c’est un changement de stratégie et une volonté unificatrice, c’est plutôt pour sauver les apparences. Cela aurait pu se passer tranquillement s’il n’y avait pas Ségolène Royal. Car loin d’être abattue ou même délaissée, Ségolène Royal poursuit inexorablement sa ligne de conduite qui est d’oeuvrer à la construction d’un nouveau socialisme. Elle mobilise donc Désirs d’avenir pour cela, rencontre des intellectuels, des industriels, des économistes, des syndicats, associations, etc...Bref elle fait un vrai travail de fond. De plus elle conserve une aura internationale qui lui permet d’être invitée aux 4 coins du monde pour discuter des nouveaux enjeux, comme dernièrement à Athènes pour travailler à définir les nouvelles gauches en Europe. Excusez du peu !
Etant donc très active Ségolène Royal conserve toujours son attrait au sein du parti socialiste et cela commence a véritablement poser problème la direction surtout depuis l’épisode pitoyable du Zénith des libertés. Le PS sait que ce n’est pas en mobilisant des Fabius, Lang, Aubry voire Delanoë que les militants vont se déplacer dans les grandes salles de meeting. Contrairement à Ségolène Royal qui remplit encore les salles et fait le plein que ce soit en France ou à l’étranger. Question de charisme. Ça ne s’explique pas ou alors on peut dire que c’est la personnalité politique à gauche qui porte l’espoir. En cela elle conserve l’attrait des militants et des citoyens.
Or Martine Aubry cherche par tous les moyens à minimiser cet intérêt qui lui fait incontestablement de l’ombre. Elle sait qu’elle ne pourra lutter sur le plan du charisme, ni même celui des idées. Mais étant engagée dans un scrutin couperet elle a besoin de faire un bon score pour légitimer sa place de leader du parti et voir plus loin...Elle est donc pris dans l’étau entre son souci personnel de faire le meilleur score possible et celui de ne pas donner trop de visibilité à Ségolène Royal.
Alors elle tergiverse devant les propos conciliants maintes fois répétés par Ségolène Royal, sur son approbation à travailler collectivement au sein du parti. On ne compte plus les fois où elle a dit que "C’est Martine la chef et qu’elle se rangeait derrière", ou "Qu’elle était disposée à travailler collectivement si on lui donnait un poste de responsabilité". Or jusqu’à aujourd’hui la direction ne lui a encore rien proposé ! Martine fait semblant. Dit que la porte est ouverte mais fait en sorte que Ségolène ne la trouve pas. A quoi ça rime ? Ce jeu va-t-il durer encore longtemps ? C’est le parti socialiste qui souffre et se divise devant l’attitude de cette direction.
Oui car c’est elle la responsable ! C’est elle qui a été nommée pour diriger le PS, pour le rassembler. On attend donc qu’elle se décide à le faire visiblement et sincèrement. Pour l’instant ce n’est toujours pas le cas et Ségolène a donc raison de mettre la pression donnant-donnant : " oui je participe à la campagne européenne dans un souci collectif, mais en contrepartie j’exige un poste à responsabilité digne de mon statut international". C’est pas compliqué. Nul ne pense que Cambadélis a une stature internationale aussi importante. Alors il faudra bien que la direction se décide à lui trouver un autre job pour faire de la place à la figure internationale du socialisme français. Dans l’intérêt de tous.
F.Blanc
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