16 juin 2009
Ségolène Royal s'inquiète de l'abstention aux européennes
Pour le PS, "ce sont 6,7 millions de voix qui ont été perdues depuis le premier tour de la présidentielle, surtout chez les jeunes, les femmes et les quartiers populaires", a remarqué la candidate socialiste en 2007 devant plusieurs centaines de personnes réunies à la mairie du IVe arrondissement de Paris pour cette réunion sur le "modèle de développement pour l'après-crise".
"Ceux qui subissent la crise sont ceux qui se sont détournés du vote", a poursuivi Mme Royal. Elle a vu dans les près de 60% d'abstention le 7 juin, "avec des pointes à près de 90% dans de nombreux quartiers de banlieue en passant par 70% chez les 18-30 ans, 70% chez les ouvriers et employés", "un message politique de la part de ceux qui attendent parfois désespérément des solutions porteuses d'espoir".
"Cette abstention appelle un sursaut, une audace nouvelle", a souligné la présidente de la région Poitou-Charentes.
Ségolène Royal a plaidé pour "un nouvel ordre économique, social et écologique" susceptible de répondre aux défis de la gouvernance de l'économie mondiale, de la construction de "sécurités nouvelles", de la "révolution écologique", de la "libération des énergies" et de la "révolution démocratique".
Face à la "vague verte" qui a vu les listes Europe Ecologie talonner le PS, la présidente de Poitou-Charentes, citant le sociologue Edgar Morin, a estimé qu'"une politique qui n'engloberait pas l'écologie serait mutilée, mais qu'une politique qui se réduirait à l'écologie serait également mutilée".
Fidèle à sa démarche participative, Mme Royal ne s'est exprimée que 11 minutes, laissant ensuite la parole aux experts invités, les économistes Jacques Attali, Philippe Aghion et Jean-Paul Fitoussi, le syndicaliste CFDT d'ArcelorMittal Edouard Martin ou encore le président du Centre des jeunes dirigeants Gontran Lejeune.
Cette discrétion sur la crise au PS était délibérée, a expliqué le président de Désirs d'avenir Jean-Pierre Mignard. Ségolène Royal veut "prendre de la hauteur", "ne veut pas être donneuse de leçons" et recherche "un discours de convergence au-dessus des courants", a-t-il expliqué à la presse. Sept autres "universités populaires participatives" sont programmées jusqu'en février 2010, à raison d'une par mois.
D'où le "refus absolu" de l'ex-candidate, plus que jamais favorable à une "trasnformation radicale" du PS, "d'entrer dans des discussions internes trop crispées", comme la question des primaires qui a resurgi depuis la débâcle européenne.
Ceci étant, "à chaque fois qu'il y aura des grandes décisions à prendre, elle descendra dans l'arène", a prévenu M. Mignard.
L'ex-candidate a opéré un rapprochement spectaculaire avec Martine Aubry avant le conseil national du 9 mai dernier. Les deux adversaires du congrès de Reims ont décidé de se voir régulièrement. Elles déjeuneront d'ailleurs ensemble mardi à l'occasion d'une rencontre entre Mme Aubry et les présidents de région socialistes pour préparer les élections de mars 2010.
Jean-Pierre Mignard a toutefois rejeté la proposition de la Première secrétaire d'inclure l'ex-candidate dans un "conseil des sages". "La sagesse, ce sont les militants, pas les sages", a-t-il lâché.
Dans le même esprit, M. Mignard a salué les déclarations "très lucides" de Bertrand Delanoë, qui a comparé dans "Le Monde" daté de mardi la situation du PS à celle de la SFIO dans les années 60. "On pourrait cosigner aujourd'hui une motion avec Bertrand", a ironisé le président de Désirs d'avenir.
AP
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