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03 octobre 2009

Crise de la social-démocratie?

La question est de nouveau posée au lendemain des élections allemandes et du recul historique du SPD. À bien y regarder cependant, elle n'est pas récente. Elle est même lancinante depuis la chute du mur. Et le véritable problème, plus que de faire le constat de cette crise, c'est de se demander pourquoi la gauche européenne a été incapable, depuis près de vingt ans, d'y apporter une solution.

La réponse tient en quelques phrases. La social-démocratie a arrêté de se penser comme un projet politique pour se confondre au mieux avec un programme d'action gouvernemental, au pire avec une liste d'ambitions présidentielles. Le paradoxe c'est que les idées sociales-démocrates (État providence, plein emploi, régulation économique, progrès de la démocratie) ont triomphé avant même que les partis qui les incarnaient n'arrivent réellement au pouvoir.

C'est toute l'Europe de l'Après-Guerre, sous toutes les formes politiques imaginables (conservateurs, libéraux, travaillistes brièvement) qui s'y sont identifié. Mais le socialisme ne s'est rallié à son propre projet qu'après coup et dans la douleur : 1959 à Bad Godesberg, pour le SPD; dans les années 80-90 avec le nouveau travaillisme en Grande-Bretagne; jamais véritablement en France...

De telle sorte que ce qui a été une victoire idéologique, s'est rarement concrétisé en succès électoral et jamais en triomphe politique. D'autant que le retournement qui s'est amorcé au début des années soixante en Allemagne et dans les années 80 en France et Grande-Bretagne s'est toujours fait au nom du pragmatisme sans permettre de renouer le fil d'une pensée qui avait mûrit tout au long de l'entre-deux guerres pour finir par théoriser le nécessaire équilibre en l'État, la société et le marché.

C'est ce fil qu'il faut aujourd'hui retrouver. C'est tout le travail accompli par le mouvement socialiste pour parvenir à maturité qu'il faut réactualiser. Mais pour cela, il convient de se replacer dans une même perspective, retrouver une mémoire, réapprendre une histoire, pour se demander ce que la philosophie social-démocrate ou socialiste signifie aujourd'hui. Est-elle encore distincte de celle du libéralisme politique? En est-elle seulement une variante? Ou peut-elle être à la source d'une nouvelle construction intellectuelle? À ne voir ces questions que par le petit bout de la lorgnette électorale, les dirigeants des grands partis socialistes européens (pour la plupart des technocrates) s'empêchent de trouver des réponses à cette fameuse crise qui sans un large débat intellectuel trouvera son achèvement tout simplement dans la disparition d'une idée qui me semble pourtant receler, encore aujourd'hui, de formidables potentialités.

Gaëtan Gorce

Commentaires

Je suis toujours tes articles avec bonheur. Pour moi, ils représentent la sagesse, la maturité et la clarté. Et de te lire me fait du bien . Je suis une militante -âgée- mais qui commençait à désespérer.
Espérons que les réponses au questionnaire vont porter leurs fruits, ce qui n'empêchera pas de mettre en chantier la réflexion que tu proposes et qui est ,à mes yeux, indispensable.
Courage et garde longtemps ta clairvoyance.
M.R.Isambert Hendaye
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Écrit par : Isambert Marie-Rose | 03 octobre 2009

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