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18 mai 2009

Des pions ou des portiques ?

Après l'agression d'une enseignante au lycée de Fenouillet, en Haute-Garonne, Xavier Darcos envisage l'installation de portiques de sécurité pour détecter les armes. A l'instar de Nicolas Sarkozy, le ministre de l'Education nationale veut « sanctuariser » les écoles. Mais n'est-ce pas les transformer en forteresses ?

Lors de sa visite vendredi à Fenouillet, le ministre avait expliqué qu'il ne s'agissait pas d'«un problème structurel ». Quelques heures plus tôt, un élève de cinquième avait gravement blessé une professeure de mathématiques qui l'avait puni parce qu'il n'avait pas fait un devoir.

Si ce n'est pas « un problème structurel »Xavier Darcos est toutefois prêt à employer les grands moyens puisqu'il imagine comme réponse possible pour empêcher les armes d'entrer dans les établissements des portiques et l'installation de systèmes de fouille.

Cette réponse n'a pourtant pas fait la preuve de son efficacité: ainsi aux Etats-Unis où malgré des fusillades nombreuses et médiatisées, une minorité d'établissements a adopté les portiques de sécurité.

C'est ainsi qu'en 2006, seulement 1% des établissements publics disposaient d'un portique à temps plein, et 5% pratiquaient des contrôles-surprises avec des détecteurs de métaux.

Les raisons invoquées par leurs directeurs : le coût des équipements, le manque de moyens humains pour les faire fonctionner mais aussi des doutes sur leur efficacité.

Un spécialiste de la sécurité au ministère américain de l'Education explique qu'une chose essentielle qui ne coûte rien peut empêcher une agression dans une école: la construction de liens entre les écoles et les enfants. Cela doit être une priorité.

Pour prévenir la violence venue de l'extérieur la vidéosurveillance n'est pas non plus une solution-miracle , comme le note une étude publiée en 2007 par l'Institut d'aménagement et d'urbanisme d'Ile-de-France, organisme dépendant du conseil régional.

Les chercheurs soulignent qu'en plus de laisser l'élève seul face aux dangers extérieurs s'ajoute« un effet non prévu » : le renfermement d'un établissement sur lui-même.

Les syndicats enseignants sont également persuadés que la solution n'est pas technologique. Pour le SNES, il faut « privilégier les moyens humains ».  Et le syndicat de dénoncer à nouveau les suppressions de postes et d'exiger le recrutement en nombre suffisant de personnels statutaires et suffisamment formés pour apporter des réponses éducatives sérieuses prenant en compte les facteurs qui engendrent ou aggravent la violence dans les écoles.

Xavier Darcos, quant à lui, refuse de voir un lien entre l'agression de Fenouillet et les réductions de postes en cours. D'ailleurs, a-t-il rappelé, le lycée n'était pas considéré comme sensible : ce n'est pas un demi-poste de surveillant de plus qui empêchera l'agression d'un professeur alors qu'il n'y a eu aucun signalement de violence.

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