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25 mai 2009

Quand le PS fait campagne à l’envers

Depuis un mois, les stratèges du PS essayent de résoudre un casse-tête : comment faire campagne pour les élections européennes ? Entre le vote sanction anti-Sarkozy, les propositions et l’unité, les virages ont été nombreux.

« La gauche va pulvériser l’UMP » aux élections européennes. C’est ce qu’a prédit Jean-Christophe Cambadélis, le directeur de campagne du Parti socialiste pour les élections européennes, vendredi dernier au micro de RMC. Les sondages sont pourtant plus nuancés et place le PS entre 20 et 23% d’intentions de vote, à quatre points derrière l’UMP.

Rien de grave selon Cambadélis pour qui ces chiffres correspondent au « score habituel du Parti socialiste, qui fait entre 20 et 23% dans quasiment toutes les élections européennes ». Sauf qu’entre le début et la fin de la campagne, ces mêmes intentions de vote pour le PS ont eu plutôt tendance à fondre. Il faut dire que la campagne des socialistes pour les européennes a souvent changé de fil rouge. Et donné l’impression de commencer par la fin…

Acte I, le vote sanction

Il y a un mois, les stratèges de la rue de Solferino avaient opté pour le « vote sanction » comme slogan de campagne. Une stratégie généralement utilisée dans les derniers jours pour susciter la mobilisation et faire basculer les indécis. Rien de tout ça : au PS, on a commencé par là… Pendant les premières semaines de campagne, le nom de Nicolas Sarkozy est cité dans chaque discours et accolé à celui du Président de la Commission européenne, avec un seul mot d’ordre : haro sur Sarko et Barroso dans un paquet cadeau !

« Le 7 juin doit être un vote sanction contre Nicolas Sarkozy et contre ses alliés européens, c’est-à-dire monsieur Barroso (le président de la Commission européenne) » avait lancé mi-avril Benoît Hamon, porte-parole du PS. Avant d’ajouter : « Ce que nous n’avons pas pu obtenir par la mobilisation sociale, eh bien il faut essayer de l’arracher par les urnes ». Soit. Encore faut-il parvenir à se faire entendre…

Pressé par sa gauche, les Verts et par le MoDem, le Parti socialiste n’a pas réussi à imposer la spécificité d’un vote sanction socialiste. La stratégie était loin d’ailleurs loin de faire l’unanimité au sein même du parti… « C’était une grosse erreur que de commencer la campagne par “stop Barroso, stop Sarkozy” », lâche Jean-Louis Bianco, proche de Ségolène Royal. « C’est un argument de fin de campagne pour ratisser large », ajoute un député proche de François Hollande « avant, il faut faire du fond, de la pédagogie ». L’appel semble avoir été entendu…

Acte II, le vote utile

Début mai, nouveau virage. Fini le vote sanction. Les socialistes appellent au « vote utile », de peur de voir les autres partis de gauches leur grignoter quelques parts du gâteau électoral. « Il faut changer là-bas pour changer ici », lance Martine Aubry au Cirque d’Hiver, le 13 mai, à Paris. Avant d’ajouter : « Il faut voter pour une Europe utile ! Il ne faudra pas se dire : est-ce que je vote pour le rose pâle, le rouge vif, le vert ? Il faut voter socialiste, car c’est le seul vote utile » Le nom de Nicolas Sarkozy est à peine cité.

En revanche, la Première secrétaire s’adresse aux fonctionnaires, aux salariés du privé et du public, aux employés comme le lui avait conseillé plus tôt le porte-parole du parti, Benoît Hamon. Les socialistes se passent le mot d’ordre. Sur LCI, Vincent Peillon tête de liste dans le Sud-Est, prend pour cible Olivier Besancenot : « Combien de députés va-t-il faire perdre à la gauche en France en faisant 4,5 ou 6% des voix ? Sans doute entre cinq et dix et il permettra alors à l’UMP d’être devant le PS ».

Acte III, le vote de conviction

Dernière ligne droite avant le scrutin du 7 juin. Devant des sondages qui stagnent, les socialistes changent encore leur fusil d’épaules. Et passent à la phase « vote de conviction » avec la présentation de leur propositions, le 18 mai… à trois semaines du scrutin. Le PS place la question des services publics au cœur de sa campagne et propose « une directive cadre européenne permettant de sanctuariser les services publics ».

Martine Aubry passe la seconde et se présente comme « la proposante numéro un ». Ne fallait-il pas commencer par là ? « Le PS, dès le départ avait décidé d’une campagne en deux temps. Première phase : l’installation de la campagne avec une vaste opposition » à la politique du gouvernement, et « deuxième temps : le volet propositions », répond Claude Bartolone, membre de la direction. En clair tout a été pensé…

Acte IV, l’unité retrouvée

Même les retrouvailles laborieuses de Ségolène Royal et Martine Aubry ? Pas vraiment ! Le meeting commun, ce mercredi à Rezé (à côté de Nantes), entre les deux socialistes au fort caractère n’a pas été une sinécure à organiser. Avec le je t’aime, moi non plus fréquent au PS ! Et cette phrase de Royal qui a dû réjouir Aubry : « Les socialistes savent qu’ils peuvent toujours compter sur moi dans les moments difficiles » Raison qui explique que cette belle image d’un parti en ordre de bataille soit mise en scène à moins de trois semaines des élections européennes…

Quand d’autres auraient commencé par là…

M.Mourgue

Commentaires

1 - Ton texte sur fond rouge c'est de la com à l'envers et ça fait mal aux yeux...

2 - Est-ce que tu es socialiste ?

3 - Est-ce que tu as fait un comparatif entre présidentielles et européennes: Qui doit gagner et perd d'un côté et qui doit perdre et gagne de l'autre, le rapport étroit ente le score du PS et l'abstention, etc...

4 - Il n'y a pas de Ségolène ni de Martine dans les autres partis européens et pourtant ils ont pris, eux aussi, une raclée, alors......

5- La droite gagne alors que c'est elle qui est responsable de la crise.... Cherchez l'erreur!...

6 - Je crois que le problème est plus simple que cela. Nos électeurs potentiels considèrent que nous sommes incapables de gouverner la France alors ils ne vont pas voter... pourquoi faire?

Écrit par : OTIN Georges | 19 juin 2009

Il y a eu durant cette campagne comme du flottement dans l'air. Flottement d'abord sur la ligne: après avoir lancé la campagne sur le thème du vote anti-sarkozy, le PS a rectifié, passant du vote utile au vote efficace, se qualifiant de proposant et pas d'opposant. Ne fallait-il pas commencer par cette dernière option?
On a déjà fait mieux pour la clarté d'un message.
Flottement ensuite sur le collectif: difficile de faire rentrer sur la même photo l'ensemble des leaders socialistes. Un coup c'est meeting avec B.Delanoë, un coup avec F. Hollande, et enfin avec Ségolène Royal. Mais pas d'affiche commune, pas de slogan commun. Chacun a parlé son langage.
Flottement enfin sur l'attitude politique: le PS est entré dans cette campagne avec une ambition médiocre. Jamais l'objectif de battre l'UMP n'a été affiché. Une attitude de repli qui a consisté plus à sauver les meubles qu'à passer brillamment l'obstacle. Une campagne un peu grisâtre qui ne s'est jamais vraiment réveillée.
On aurait pu penser que le meeting de Rezé allait permettre de donner un second souffle au Parti socialiste et permettre à ce dernier de renouer avec un certain allant européen comme avait su le faire François Mitterrand.
Suite au discours fort et courageux de Ségolène Royal offrant des perspectives autre qu’une nouvelle cogestion avec le PPE (exemple: le SPD négocie son vote en faveur de Barroso en échange du poste de commissaire européen pour Martin Schulz, l’actuel président du groupe socialiste au Parlement européen, présent à Toulouse!), on aurait aimé que le parti et ses têtes de listes reprennent à leur compte cette construction d’une Europe Politique, des Etats-Unis d’Europe.
Un discours dont aucun média n'a parlé ou presque dans lequel S. Royal invitait le Parlement européen à se transformer en constituante, où elle a souhaité l’élection au suffrage universel d’un « Président de l’Europe » et des « listes transnationales » pour les prochaines élections européennes. L’alternative est simple : « ou l’Europe marche vers l’unité politique, ou elle se disloque dans les nationalismes qui sont comme l’a dit François Mitterrand, la guerre. »
Ce serait alors aux électeurs de choisir, programme libéral contre programme social, modèle anglo-saxon ou modèle européen, toute puissance du marché ou arbitrage d’un Etat entre le capital et le travail.

Une fois de plus la gauche a souffert de l'absence d'un leader reconnu qui se pose en organisateur incontesté de la campagne.

Pour bien apprécier l'importance de ce critère, il importe de replonger dans les sources de la victoire de 1981. A cette époque, l'un des tournants est le mardi 31 mars 1981. François Mitterrand, invité du Grand Débat de TF1, s'impose avec un style qui dégage une autorité présidentielle reconnue par tous. Cette autorité repose entre autres sur la capacité à dégager l'impression de dignité issue de la liberté par rapport aux ancrages partisans pour conduire de façon sérieuse sa mission bien au-delà de son seul ancrage partisan.
Le parti a donné également, et comme il en a seul le secret, une belle leçon de politique baronniale. L’exemple de Benoît Hamon, troisième de liste en Ile de France et député sortant, menacé d’une non réélection par la faute de sondages peu favorables voire catastrophiques est éclairant. Pour sauver le soldat Hamon, on a mis tout en oeuvre afin de ne pas déchoir l’une des étoiles montantes du PS : le mot d’ordre, était « faire élire Benoît Hamon » à tout prix.
Après d'autres, voici maintenant Benoît Hamon pris les doigts dans le pot de confiture.
Et dire que le PS passe son temps à dénoncer chez le voisin et …parfois chez lui, les ambitions personnelles ! Joli parangon de vertu.
Après une élection européenne imperdable alors que l’impopularité du gouvernement UMP est à son plus haut niveau, le PS se doit impérativement de trouver un état d’esprit de mouvement, donner une place à l’imagination, d’avoir un appétit pour le changement.
Pour l’avenir, le PS doit être capable de redonner du sens et de l’âme à la vie publique. A ce jour il n’y parvient pas…la victoire est à ce prix.

Écrit par : eag64000 | 20 juin 2009

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