Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04 novembre 2009

A main levée

La proclamation d'Ahmid Karzaï comme président de l'Afghanistan pour cinq nouvelles années, après le retrait de son rival Abdullah Abdullah, a été saluée comme un moindre mal par les puissances occidentales et l'ONU qui considéraient comme impossibles des élections propres lors du second tour le 7 novembre. Mais elle amplifie inexorablement le caractère de farce de la politique afghane et  augmente la crise du pays en guerre. La Commission Electorale Indépendante composée d'hommes du président a adopté cette décision sous la pression internationale et sur la base d'une discutable interprétation de la Constitution du pays centrasiatique.

Jusqu'à samedi soir il existait une espoir pour un compromis entre Karzaï et Abdullah sur la base d'un gouvernement intérimaire et un ajournement électoral qui aurait permis l'installation d'un mécanisme solvable de contrôle et de vérification qui puisse éviter une nouvelle fraude comme celle du mois d'août. La rupture du dialogue et le retrait d'Abdullah plombe Karzaï de manière irréversible. A ce niveau, le président afghan est vu par Washington, qui fut son mentor et qui l'a poussé sur le devant de la scène, ainsi que par ses alliés occidentaux, comme un chef de gouvernement corrompu et incompétent. L'ironie fait que, pour Barack Obama qui est en train de peser le pour et le contre afin d'envoyer 40000 nouveaux soldats et ne pas perdre la guerre, rien  n'est plus important que d'avoir à Kaboul quelqu'un ayant un leadership et une crédibilité aux yeux de ses compatriotes.

Cinq ans, c'est long dans l'Afghanistan d'aujourd'hui, confus et incertain. L'avenir de Karzaï dépend de ses prochains actes au gouvernement pour gagner la légitimité dont il manque parmi les siens. Cela exige des changements drastiques de politique et de personnes, de liquider la corruption et d'améliorer la vie de l'ensemble des afghans. Mais il est peu probable que le président adopte un réformisme qu'il n'a pas mis en pratique pendant sept ans. Il est évident qu'il devra compter avec les amis du tadjik Abdullah, qui sort renforcé après sa décision de se retirer du nouveau gouvernement.

Pour les Talibans et Al Qaeda, la proclamation de Karzaï est une formidable arme de propagande. Aux yeux de ceux-ci dont le contrôle sur l'Afghanistan s'accroit progressivement et de ceux qui les suivent, cela signifie simplement que le processus démocratique contre lequel ils combattent est mortellement touché dans leur pays.

eag64

Les commentaires sont fermés.