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12 janvier 2010

La fin de la politique !

Si l'on veut bien considérer la politique comme le moyen offert au citoyen de choisir, au terme d'un débat argumenté, la solution qu'il préfère aux problèmes du pays, force est de constater alors qu'elle ne cesse de reculer.

La qualité de la délibération est pourtant consubstantielle à la démocratie : c'est elle qui permet d'intégrer les différents courants d'opinion dans les institutions ; c'est elle qui permet d'éclairer chacun d'entre nous sur la complexité des décisions à prendre ; c'est elle qui permet de dépasser les réactions passionnelles pour se placer dans une perspective plus large, plus longue, plus raisonnée. Or, à cette aune, comment ne pas noter (ni dénoncer)la régression qui s'effectue sous nos yeux et dont les responsables politiques sont de plus en plus souvent les principaux coupables.

L'invective, voire l'insulte, jusqu'alors réservées aux partis extrêmes, sont ainsi devenus monnaie courante : les jeunes de banlieue sont traités de racaille, le porte-parole de l'UMP recommande à la psychiatrie une dirigeante du PS et le porte parole de celui-ci qualifie de « canaille »le patron de Pôle emploi. Sans parler d'un élu un moment soupçonné par la justice et qui s'estime autorisé à menacer grossièrement les dirigeants de son propre parti. Cette dépolitisation du débat est aussi sensible dans l'usage déplacé des comparaisons et des références historiques : quoi que l'on en pense Sarkozy n'est pas Pétain ni Besson Laval ou Déat sauf à se moquer de l'Histoire, à banaliser ses drames, à mépriser ses victimes.

Cette dépolitisation à certes été amorcé par le Président de la République lui même qui trouve dans cette simplification du débat et cette radicalisation un terrain propice. Voulant ramener la vie politique à ses seuls faits et gestes, délayant à longueur de discours un patchwork idéologique sans queue ni tête destiné à faire valoir son « pragmatisme », il raffole des quolibets, des déclarations tapageuses qui l'aident dans son opération, menée de longue main, de brouillage des codes, des références et des frontières.

Aussi la Gauche devrait-elle effectuer « un arrêt sur images » pour mesurer combien elle se dessert et dessert la démocratie en se laissant aller à la polémique, à l'exploitation systématique de dossiers douteux (la grippe H1N1 en est un exemple), en ne tenant pas sa langue pour le plaisir d'un bon mot.

Refaire de la politique , c'est rappeler patiemment les termes de chaque débat , recourir a la pédagogie et préférer la proposition à l'accusation. A défaut , nous nous laisserons entrainer sans espoir de retour, compte tenu du désarroi de nos concitoyens , dans ce qu'Alain Duhamel a appelé une « berlusconisation » de la vie politique et qui n'est que la « fin » de la politique... au sens noble du terme!

Gaëtan Gorce 

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