04 mars 2010
Les primaires (socialistes) : vérité, ou pas ?
Laurent Fabius avait surpris son monde en déclarant, sur France Inter il y a trois semaines, qu’il n’y aurait qu’un seul(e) candidat(e) socialiste représentant les courants de DSK de Martine Aubry et de lui-même aux prochaines primaires socialistes pour l’élection présidentielle. En jargon socialiste, on appelle cela un front anti-Royal.
Daniel Cohn-Bendit a proposé, voici longtemps, qu’Europe Ecologie ne présente aucun candidat à la présidentielle en contre-partie d’un accord politique avec le PS lui permettant d’accéder à une cinquantaine de circonscriptions législatives en 2012. En jargon écolo, on appelle cela du pragmatisme.
Ces deux nouvelles mises bout à bout sont réjouissantes et terrifiantes.
1. Si le PS veut partir groupé pour des primaires élargies à d’autres que lui, pourquoi pas ? C’est une démarche plutôt sage. Malheureusement, ce n’est pas le cas. La direction du PS ne semble pas avoir envie d’élargir ses primaires à d’autres que celles et ceux de son clan/camp. Pas de Bayrou (on s’en fiche), pas d’écolo (les écolos ne sont même pas sûr d’avoir un candidat tout court), pas de Front de Gauche (qui ne veut pas non plus).
2. Les primaires seront donc restreintes aux candidats socialistes. C’est dommage. En élargissant le vote (à confirmer) à des simples sympathisants, le PS voudra s’ouvrir un peu, mais surtout précipiter le pays dans un combat bipopulaire qui lui sied bien mais qui ne correspond plus à rien. L’électorat est majoritairement volage.
4. L’alliance DSK-Fabius-Aubry a peu d’intérêt pour qui aime d’abord débattre des idées. Ce front anti-Royal (et anti-Hollande, anti-Valls, etc), constitué avant même que l’on ne sache avec qui et comment les primaires seront organisées a quelque chose de terrifiant. Comme une façon de dire à tous, « vous les voulez ? Vous les aurez vos primaires. Mais nous, on n’y croit pas et on va s’allier pour les planter. » On aurait pu en effet espérer que Fabius et DSK profitent des primaires pour évaluer leurs différences. L’homme du Non au référendum face au patron du FMI, ça aurait eu de la gueule. Fallait pas rêver trop longtemps.
4. La menace de triche aux primaires est-elle réelle ? A l’UMP, nul besoin de bourrer les urnes (électroniques), il n’y a pas de vote. La preuve aux dernières régionales. Au PS, le fidèle adjoint de Martine Aubry a garanti que l’organisation des primaires serait confiée à une commission éthique rassemblant toutes les composantes du parti. Ah bon.
5. La proposition de Dany CB est enfin une bonne idée. Une idée dont l’existence est conditionnée au résultat des prochaines régionales. Elle est aussi conditionnée par l’intelligence politique de la direction du PS.
Les coulisses de Sarkofrance
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