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11 juin 2010

N'oubliez pas : DSK est de gauche !

C'est la nouvelle petite musique : n'oubliez pas que DSK est de gauche. Purement, farouchement de gauche. De gauche depuis toujours. Etudiant, il écrivait les discours de Jaurès. Il a porté la serviette de Léon Blum. Regardez bien la photo, derrière Mendès-France : au troisième rang, tout à gauche, c'est lui. Libé nous en prévenait voici quelques jours : les communiquants de DSK vont maintenant s'employer à gauchir son image, en rappelant, notamment qu'il fut "le créateur des emplois jeunes", et "de la première ébauche des trente cinq heures". C'est bien joli, le FMI, la rigueur prescrite à la Grèce, la crédibilité acquise à côtoyer les Grands de ce Monde, mais ça n'assure pas un premier tour de présidentielle française, à gauche.

Résultat : attendez-vous, après avoir mangé du DSK-grand-favori-ce-sont-les-sondages-qui-le disent, à absorber du DSK-est-de gauche-faudrait-pas-l'oublier. Ca tombe bien, c'était le thème de la chronique politique de Thomas Legrand, ce matin, sur France Inter. Oh, certes pas de manière grossière. Legrand, qui dénonce régulièrement les éléments de langage, n'est pas du genre à recracher des éléments de langage. Tout en finesse, au détour d'une interrogation sur l'authenticité du pedigree de gauche des uns et des autres, et d'une interrogation plus fine encore sur le sens profond de la recherche des pedigrees de gauche, ce fut tout de même rappelé : pendant que DSK ("élu d'une circonscription populaire du Val d'Oise") faisait ses premiers pas de vrai homme de la vraie gauche, Aubry coulait des jours heureux à l'état-major de la multinationale Pechiney.

Pour autant, ne pas croire que Legrand ait reçu des "éléments de langage", en provenance des communiquants de DSK. C'est bien plus fin, voyons, un air du temps. Ca se lance en douceur, dans un soupir, une confidence, un écho. Il n'y a plus qu'à laisser courir. Ca diffuse, ça infuse, c'est en suspension, ça plonge, ça remonte, ça disparait, ça resurgit. Beau travail. Si c'est efficace ? Généralement non. La capacité de résistance de l'électeur à ces douces intox est insoupçonnable. Mais ça n'empêche pas les communiquants de communiquer.

Daniel Schneidermann/ Arrêt sur image

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