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29 juin 2009

Barroso II : le double-jeu socialiste

Décidément, les socialistes européens porteront une responsabilité historique dans la probable reconduction de José Manuel Durao Barroso à la tête de la Commission européenne pour un nouveau mandat de cinq ans. Incapables de se mettre d’accord sur un challenger avant les élections européennes, laissant ainsi le champ libre au candidat conservateur, ils s’apprêtent à voter en majorité pour sa reconduction. Certes, pour sauver l’honneur, ils vont s’opposer à ce qu’il soit investi dès le 15 juillet comme le président sortant le souhaite, mais ils se rallieront sans doute à sa candidature en octobre prochain.


L’Allemand Martin Schulz qui vient d’être réélu à la tête du groupe socialiste (désormais « Alliance progressiste des socialistes et des démocrates »), n’a jamais caché que, pour lui, la présidence de la Commission était un combat perdu d’avance, vu le rapport de force politique dans l’Union (21 gouvernements dirigés par la droite et les conservateurs et libéraux ont gagné les Européennes). Il estime plus important, notamment pour sa carrière personnelle, d’aboutir à un accord technique avec le PPE (démocrate-chrétien) afin de se répartir les postes au sein du Parlement européen.
En particulier, il veut sécuriser pour lui-même la présidence de l’Assemblée qui lui reviendrait pour deux ans et demi, en alternance avec le candidat du PPE, le Polonais Jerzy Buzek. Jeudi, lors d’une conférence de presse, il a lâché le morceau : « la logique parle pour que je dise « niet ». Mais je dois me demander si je ne pourrais mettre en place une meilleure politique sociale-démocrate en posant des conditions auxquelles Barroso devrait se plier ». Il a reconnu que « savoir si nous voterons pour lui (à l’automne) est une question ouverte ». Il sait qu’un vote contre Barroso ferait échouer l’accord technique avec le PPE ce qui le priverait sans doute de la présidence du Parlement. Ce calcul est largement partagé par l'ensemble des délégations nationales, seuls les Français campant dans une opposition résolue. Mais avec 14 élus, ils ne pèsent pas grand chose...

On ne peut qu’être sidéré devant une telle logique : imagine-t-on la même « logique » appliquée aux élections internes ? Pourquoi Martin Schulz ne plaide-t-il pas pour qu’Angela Merkel fasse siennes certaines des propositions du SPD avant les élections de septembre prochain ? Ne serait-ce pas aussi un bon moyen « de mettre en place une meilleure politique sociale-démocrate » au lieu de s’épuiser en de vaines élections, la CDU-CSU étant donnée largement gagnante ?


Le SPD sait qu'il joue avec le feu en soutenant un candidat conservateur à la tête de la Commission. A la veille des élections législatives de septembre, cela ferait désordre... C'est aussi pour cela que Schulz ne veut pas élire Barroso dès le mois de juillet. C'est aussi pour cette raison que l'investiture n'aura pas lieu en septembre, mais plus probablement en octobre, au lendemain des élections allemandes... On n'est jamais trop prudent.

Jean Quatremer

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