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21 juin 2009

Le Lab du PS : vraie boîte à idées ou moulin à vent ?

C'est une pièce sans ordinateur, aux étagères aux trois-quarts vide, portant un vieux minitel débranché. Au deuxième étage du siège du PS, bienvenue dans le bureau de la direction du « Lab ». Entendez « Laboratoire des idées », créé par Martine Aubry pour livrer le combat de la présidentielle en 2012. Aux manettes : Christian Paul, député de la Nièvre, et une apparatchik, Lucile Schmid.

L'objectif est de faire revenir les visiteurs du soir rue de Solférino. Sociologues, consultants, économistes ou philosophes. Tous les dix jours environ, ils se retrouvent par « groupe de réflexion », autour d'un animateur de débats. A quinze ou à moins, ils doivent permettre de sortir un projet idéologique cohérent.

Quelques idées déjà formées devraient irriguer le séminaire de direction du Parti socialiste, dès le 7 juillet. Puis rapport d'étape dans six mois et rapport final dans un an. On pourra alors juger sur pièces. Date limite : fin 2010, pour être certain ne pas reproduire les erreurs de 2002 et 2007, reconnaît Christian Paul :

« A chaque fois, le travail sur le programme présidentiel a été tardif et insuffisamment préparé. La fonction programmatique doit être continue, il y a des idées à imposer bien en amont de la campagne. »

Revenir sur le divorce entre les intellectuels et le PS

Dès son arrivée dans le bureau de première secrétaire, Martine Aubry a rassemblé l'ancien secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Christian Paul et le sociologue Michel Wievorka, non encarté au PS et blogueur de Rue89, pour un brainstorming sur la « bataille des idées ». Une bataille rendue d'autant plus urgente à engager avec la claque reçue par le PS aux européennes. Ami de Martine Aubry, l'universitaire précise :

« Le problème, ce n'est pas les idées, il y en a tant qu'on veut. Ce qui manque, ce sont des dynamiques dans lesquelles des politiques et des chercheurs travaillent ensemble, sans inverser les rôles. Le Lab peut correspondre à cette dynamique. »

Christian Paul a conscience du « divorce entre les intellectuels et le PS ». Il leur promet un retour de la part des socialistes, même « pour expliquer aux contributeurs les raisons pour lesquelles certaines propositions ne seront pas retenues ».

Mieux : une fois par mois, Martine Aubry en personne participe à une séance de réflexion. « Le Lab, poursuit le député de la Nièvre, ce n'est pas la République des experts. » En clair, le PS entend s'entourer pour se repenser :

« Le Laboratoire des idées, c'est ce double mouvement : mobiliser la recherche et les innovateurs sur le terrain. Avec aussi les collectivités locales, les fédérations socialistes, qui ont leur place dans ce travail de reconstruction idéologique. »

Autre difficulté : travailler avec les autres, tous les autres. A commencer par les cercles de réflexion existants, souligne Christian Paul : « Le problème, c'est qu'il n'y a pas de vrais think tanks à gauche aujourd'hui en France, par manque de moyens, y compris pour la Fondation Jean-Jaurès ou Terra Nova. La gauche fait culturellement un tabou du financement des chercheurs par les entreprises. Alors que les vrais think tanks sont soit très liés à l'Etat, soit très proches des milieux d'entreprises, donc plutôt à droite. »

Tous les autres, cela veut aussi dire tous les courants du parti. Y compris les « royalistes » ? « Si Sophie Bouchet-Petersen [conseillère de Ségolène Royal, ndlr] veut venir travailler au Lab, je l'embauche tout de suite ! Aujourd'hui, on a besoin d'avoir un PS en état de marche, fort. On ne va passer notre temps à attendre le messie. Si on ne fait pas ce travail, la dévitalisation du parti à l'oeuvre depuis 2002 ne fera que s'aggraver. »

Les groupes : tout sur l'économie, rien sur la sécurité

Le premier groupe à voir le jour, sous la houlette de Lucile Schmid (énarque, militante pour une VIe République et membre du comité de la revue Esprit), porte sur « La crise et comment s'invente le modèle d'après ». A une dizaine (les économistes Daniel Cohen, Maya Becache-Beauvallet, un jeune consultant anonyme…), ils tentent de définir les modèles de l'après-crise. Pour Christian Paul, c'est une clé essentielle :

« La crise a pris totalement à revers, à contrepied la droite française. Nicolas Sarkozy avait été élu pour moins d'Etat, moins d'impôts et moins de dettes, et sur ces trois fronts c'est l'inverse qui est en train de se produire. Les valeurs et les repères à droite sont aujourd'hui totalement perdus. (…)Là nous avons un moyen de propulsion extraordinaire. A nous d'être à la hauteur de ce défi intellectuel et politique. »

Second groupe à éclore : « Diversité, égalité, solidarité », mené par Michel Wievorka, avec Louis-Georges Tin (Cran), Axel Urgin (Cour des comptes) et la députée Georges-Paul Langevin. Ici, il s'agit de repenser une sorte d'ordre juste, un point d'équilibre sur des questions (laïcité, communauté, diversité…) qui divisent profondément les partis. Michel Wievorka :

« Sur les dossiers techniques, le PS n'a pas de difficultés majeures. La difficulté, après l'effondrement du communisme et la crise actuelle, c'est d'être capable de proposer une vision intégrée, globale. Aujourd'hui, la nouveauté, c'est Obama. La gauche doit être capable de proposer une vision d'un autre monde. Le Lab doit apporter un cadre général d'idée pour porter un tel projet. »

Autres groupes déjà en activité :

  • Les enjeux méditérannéens
  • L'outre-mer
  • Le partage des richesses
  • La civilisation numérique
  • La ville globale
  • La France et l'Europe

En marge de ces groupes, le Laboratoire des idées a lancé le programme des « Innovateurs du quotidien ». Là aussi, les socialistes sont en pleine phase de lancement. Le but est de quadriller tout le territoire hexagonal, mais aussi de regarder à l'étranger, pour débusquer les micro-projets qui fonctionnent au niveau local et voir s'il est possible de les développer au niveau national.

Aucun groupe toutefeois sur la sécurité pour l'instant, même si le projet est dans les tiroirs. L'écologie ? « Elle est répartie entre plusieurs groupes. » Sans oublier deux groupes d'espionnage, baptisés « Observatoire Obama » et évidemment « Observatoire Sarkozy ». Emmanuelle Mignon, cheville ouvrière du sarkozysme en 2007, n'a pas souhaité commenter l'initiative.

Rue89

20 juin 2009

Une belle participation et des débats de fond

Le Conseil politique de Ségolène Royal s'est réuni mardi 16 juin, au lendemain de l'Université populaire participative sur « Quel modèle de développement pour l'après-crise ? ».

L'échange a porté sur les conclusions et enseignements à tirer de cette Université populaire participative :

- Des intervenants de très grande qualité, une participation massive. La presse, hélas, n'a guère pris en compte ce travail de fond, préférant s'en tenir aux aléas de la vie interne du PS.

- Des orientations et propositions nouvelles se sont faites jour pour un projet de gauche (ex. : les résultats du modèle scandinave, le « parachute social »,...). Des pistes très sérieuses à creuser.

- Une « Bibliothèque vidéo des Universités populaires participatives» a été mise en ligne sur le site  pour permettre à chacun de retrouver les interventions.

- Ces vidéos peuvent ensuite servir de support pour l'organisation de débats locaux prolongeant les Universités populaires participatives, enrichissant ainsi les orientations et propositions exprimées. C'est par la multiplication de débats, localement, que se gagnera aussi la bataille des idées, face à la droite.

De prochaines universités seront organisées sur ce format ou autour d'une conférence-débat (thèmes retenus : les valeurs, la culture, l'environnement, ...)

Le Conseil politique a ensuite prolongé ses travaux par un échange de vues sur la situation politique du Parti socialiste et de la gauche. Plus que jamais, les adhérents de Désirs d'avenir doivent être à l'avant-garde de la rénovation des idées et de la reconstruction de la gauche.