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17 juin 2009

La feuille de route du PS pour les régionales

Avec qui s'allier ? Alors que Martine Aubry n'a toujours pas engagé la réorganisation du PS, que les « candidats à la candidature » pour la présidentielle se déclarent déjà et que le parti n'a toujours pas de programme, le résultat des élections européennes rebat les cartes des alliances dans la perspective des élections régionales. Et l'enjeu est majeur car les socialistes dirigent vingt des vingt-deux régions métropolitaines.

Recevant hier les vingt présidents de région, dont Ségolène Royal, Martine Aubry a dessiné à grands traits le cadre de la campagne. Les têtes de liste seront désignées fin septembre. Parallèlement sera établi un programme avec 4 à 8 propositions au niveau national, qui n'empêche pas la liberté au niveau local.

Sur la question des alliances, Martine Aubry n'a pas tranché. On se souvient que, lors du congrès de Reims, la maire de Lille et ses alliés avaient marginalisé Ségolène Royal qui n'excluait pas des alliances avec le Modem. Cette fois, Martine Aubry a indiqué qu'il faut « rassembler la gauche et s'ouvrir aux humanistes ». « Cela signifie que l'on peut accueillir des personnes de la société civile et cela n'interdit pas des alliances avec le Modem », décrypte François Patriat, président du Conseil régional de Bourgogne. Selon lui, le Modem, qui était tenté de présenter ses listes au premier tour, sera moins en mesure de le faire après son piètre score des élections européennes.

Autre question centrale, celle de l'autonomie des régions dans l'établissement des listes. Une demande très forte portée par Alain Rousset, président du Conseil régional d'Aquitaine et de l'Association des régions de France, pour « éviter que la machine à calculer des courants et des sous-courants se remette une nouvelle fois en marche », qui a été acceptée.

Autre question : le score d'Europe Ecologie qui a talonné le PS lors des européennes (et le devance largement en Ile- de-France) remet-il en cause la stratégie d'alliances ? « Personne au PS ne considère que le score aux élections européennes doit être pris comme référence, affirme François Patriat. On sait que nos partenaires vont avoir des exigences supplémentaires. Il faudra négocier nationalement et localement. En tout cas, il faut ramener le poids des écologistes à la réalité régionale, comme le révèlent les résultats des élections cantonales partielles récentes. » Reste à savoir si le PS arrivera à convaincre les Verts, plus gourmands que jamais, à s'unir dès le premier tour. Leur secrétaire nationale, Cécile Duflot, a, en effet, indiqué être « extrêmement favorable à des listes autonomes ».

Quant aux autres alliés naturels, le PCF et le Parti de gauche, ils poursuivent leur lune de miel sous la bannière Front de gauche et comptent bien négocier durement. Hier, l'ex- sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon, à la tête du Parti de gauche, a raillé ses anciens amis : « Nous ne voulons pas être l'appoint de Pierre, Paul ou Jacques. » « Qu'ils nous disent quel est leur programme, ensuite on parlera avec eux, a-t-il ajouté. Nous attendons une position nationale et pas des petits arrangements locaux. Pour le moment, la seule manière de ne pas être roulé en cours de route est de présenter des listes autonomes au premier tour. »

Les échos

Irréprochable et studieuse

Qu'on se le dise: pendant que le Parti Socialiste soigne sa gueule de bois post-Européennes, Ségolène Royal, elle, travaille. Les quadras du PS, Pierre Moscovici et Manuel Valls en tête, appellent à des primaires ouvertes à gauche? La toute nouvelle vice-présidente de l'Internationale socialiste préfère parler du fond. Lundi 15 juin, la présidente de Poitou-Charentes a ainsi animé le quatrième rendez-vous de son université populaire participative. Le thème: "Quel nouveau modèle de développement économique et social pour l'après-crise?" 

Vers 18 heures 15 les portes s'ouvrent enfin et la foule des militants et sympathisants mais aussi de simples curieux s'engouffre dans l'escalier central. L'événement est victime de son succès, les chaises manquent, et les derniers arrivés s'entassent dans le couloir.

Celle que tout le monde est venu voir apparaît, bronzée et souriante. Ségolène Royal prend le micro. Alors que toute la presse attend une réaction post-scrutin européen, elle donne le ton. "Le contexte politique [...] renforce notre volonté de travail, de dialogue, d'écoute et de proposition". Sur les élections européennes, elle n'émet qu'un seul petit commentaire: "Cette abstention appelle un sursaut, une audace nouvelle." Et s'autorise un constat: "Sur le parti socialiste je dirai juste un fait non polémique ce sont 6,7 millions de voix qui ont été perdues depuis le premier tour de l'élection présidentielle."

Puis on passe au programme de cette très sérieuse université populaire. Les organisateurs ont fixé cinq défis et invité sept experts pour y répondre. L'ambiance est studieuse, presque scolaire. Un par un, les intervenants prennent la parole, rétroprojecteur à l'appui. Vingt minutes par personne, le compteur tourne sur l'écran géant. Dans la salle, les participants tendent l'oreille. Jacques Attali se lance dans une explication de la crise, son intervention est saluée par des applaudissements appuyés. Jacques Barbier, président du Réseau Eco-industries de Poitou-Charentes prend la suite, n'oubliant pas de saluer l'implication et le bilan vert de "la présidente" de région.

La représentation syndicale, les raisons de la crise, la croissance verte, une transparence accrue du pouvoir à tous les échelons, un "Small Business Act" à l'échelle européenne, une veille industrielle... L'université tente de dessiner un nouveau monde.

L'opération fait effet. Pendant les différentes démonstrations, une feuille circule dans la salle, le public se prête volontier au jeu du participatif. "Vient le moment de l'échange avec la salle", annonce Ségolène Royal, qui anime la soirée en lieu et place d'une Aurélie Filipetti annoncée. Pendant vingt minutes, les invités répondent aux questions du public, les autres questions trouveront leur réponse sur le site Internet.

Ségolène Royal prend une dernière fois la parole saluant "une très très grande qualité de l'université " et la "densité et diversité des interventions". "J'ai toujours la volonté de mettre en avant la nouvelle génération, c'est très important qu'elle ait la parole", insiste-t-elle pour introduire Guillaume Garot et Delphine Batho, chargés de la conclusion. Le premier résume les propositions. "Il y avait de l'espoir et du désir d'avenir, alors continuons ensemble", conclut-il.

La seconde, interrompue régulièrement par les applaudissements, appelle à de nouvelles règles du jeu et à poursuivre le travail pour "redonner confiance en la gauche". Ségolène Royal, un pied dans le parti, l'autre en dehors, s'est abstenue de tout commentaire. Irréprochable et studieuse...

eag64 avec LEX