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05 mai 2009

Et si on supprimait les élections européennes ?

par Eric L'Helgoualc'h

En début de semaine dernière, au cours du rendez-vous vespéral d'Yves Calvi, on a pu entendre Jean Quatremer, le pape des questions européennes sur le web, tenir les propos suivants: "On peut se demander si l'élection au suffrage universel direct n'est par arrivée un peu tôt". Une question qui contenait en fait sa réponse: pour le journaliste de Libération, c'est peut-être une erreur d'avoir consenti à l'élection directe des eurodéputés par les citoyens européens.

Difficile de tenir ce genre de raisonnement sans passer pour un ennemi de la démocratie. C'est un peu comme l'élection du président de la République au suffrage universel direct: beaucoup la déplorent car elle joue un rôle écrasant dans la vie politique française, mais tout le monde s'accorde à dire qu'il est délicat de revenir en arrière. Impossible en effet de retirer aux citoyens un droit de vote qu'on leur a octroyé sans susciter une colère légitime. Même si ceux-ci ne s'en servent pas, ou qu'ils s'en servent "mal".

Car c'est bien ce que sous entendait la réflexion de Quatremer: si les élections européennes posent problème, c'est à cause de l'abstention massive qu'elles suscitent et de leur déconnexion avec les enjeux européens.

L'élection des députés européens au suffrage universel était censée démocratiser le fonctionnement de l'Union européenne, la "rapprocher du citoyen", selon l'expression consacrée. Or, trente ans plus tard, c'est le contraire qui s'est produit. L'abstention et le désintérêt n'ont cessé de croître. Ce phénomène met aujourd'hui en péril la crédibilité du Parlement européen: de quelle légitimité peut bien se réclamer une assemblée élue par moins de 50% des citoyens qu'elle est censée représenter?

Bien entendu, on pourrait se dire que cela n'est pas si grave, que l'abstentionnisme est un phénomène général qui touche l'ensemble des démocraties modernes, que le parlementarisme américain s'accommode très bien de taux de participation médiocres. Il n'empêche, la situation est inquiétante dans la mesure où le Parlement européen bénéficie d'un pouvoir de décision croissant dans un grand nombre de domaines, comme ne cessent de le rappeler en vain les observateurs de la vie européenne.

Pour donner tout son sens à l'élection du Parlement européen au suffrage universel direct, la solution idéale est bien connue: une plus forte politisation du débat européen, doublée d'une européanisation des enjeux de campagne. C'est ce pour quoi se battent les associations et partis proeuropéens depuis des années, sans réel succès. Qui a entendu parler d'un débat télévisé mettant aux prises des candidats français, lettons et italiens? Quel enjeu européen, qui serait du ressort du Parlement, est aujourd'hui l'objet de polémiques entre les prétendants à un siège d'eurodéputé?

Ce ne sont pourtant pas les sujets qui manquent sur lesquels les futurs élus seront amenés à se prononcer au cours des cinq prochaines années: gestion des migrations, lutte contre le réchauffement climatique, droit du travail, et j'en passe. On peut parier sans prendre beaucoup de risques que de tout cela, il ne sera jamais question dans les semaines à venir. Du reste, certains doutent que ce soit possible un jour, tout simplement parce que l'État nation serait le cadre indépassable de la démocratie.

Si l'on adhère à cette analyse, il est inutile de compter sur une hypothétique européanisation du débat. Mieux vaut plutôt essayer de construire une articulation efficace entre la démocratie nationale et la prise de décision à l'échelon européen.

A cet égard, le contrôle des décisions européennes par les parlements nationaux est une tendance en vogue. On peut même dire que c'est la seule réponse trouvée jusqu'à présent au fameux "déficit démocratique". Le Traité de Lisbonne renforce ce contrôle. Des personnalités venues d'horizons politiques aussi divers que Bernard Cassen et Nicolas Dupont-Aignan, que rapproche une commune hostilité à l'Union européenne, aimeraient aller encore plus loin.

Aller plus loin, dans leur logique, signifierait en fait revenir à un système de désignation des membres du Parlement européen par les parlements nationaux, seul gage de légitimité car ceux-ci sont élus par le peuple. Et donc renoncer à l'élection des eurodéputés au suffrage universel direct. Au risque de donner une nouvelle fois l'impression d'une confiscation du pouvoir par les "élites" au détriment du "peuple". Ce que ne cessent justement de dénoncer les Cassen et Dupont-Aignan!

Finalement, le mode de désignation actuel des députés européens place l'Europe dans une sorte de piège: le conserver est insatisfaisant sur le plan démocratique. Le supprimer serait encore pire.

L'avenir des gauches en Europe

La conférence d’Athènes sur "L’avenir des gauches en Europe", à laquelle participera Ségolène Royal, est le fruit d’un travail commencé en 2008 avec Christos Lambrakis, Président du groupe de presse de centre gauche Lambrakis, et Georges Papandréou, Président du PASOK et de l’Internationale socialiste.

Le 2 octobre 2008, Ségolène Royal, qui vient de publier avec Alain Touraine l’ouvrage Si la gauche veut des idées, est invitée par Christos Lambrakis à s’exprimer sur La gauche dans la mondialisation.
Le discours, prononcé deux semaines après l’effondrement de la Banque Lehman Brother, décrypte la crise financière, anticipe ses conséquences et propose, six mois avant le Sommet du G20 de Londres, des pistes audacieuses de réforme du capitalisme financier.

Devant le succès de la conférence, le groupe Lambrakis propose à Ségolène Royal de contribuer, aux côtés des quotidiens To Vima (Grèce) et El Païs (Espagne) à l’organisation d’un grand
colloque sur l’avenir des gauches en Europe, quelques semaines avant les élections européennes. Associant témoignages d’experts et intervention de grandes personnalités politiques européennes, la conférence examinera les défis auxquels l’Europe et les gauches européennes doivent faire face.

Alors que les idées de gauche n’ont jamais été autant d’actualité, les progressistes européens ne sont au pouvoir que dans deux pays de l’Union.

Au-delà des spécificités nationales, comment expliquer cette situation ? La gauche européenne doit-elle inventer une nouvelle forme de radicalité ? Quelle offre politique doit-elle faire pour convaincre à nouveau le plus grand nombre ? Quelle vision de l’Europe les gauches doivent-elles proposer ? Autant de questions auxquelles la conférence, introduite par  Georges Papandreou et Ségolène Royal, tâchera de
répondre.

Retrouvez
le dossier spécial sur la conférence "L'avenir des gauches en Europe" sur le site de Désirs d'avenir.