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26 novembre 2009

PS: ils le font exprès?

On n'a pas vraiment compris pourquoi c'était si grave. Ségolène Royal s'est donc invitée à la rencontre entre socialistes, communistes, Verts et MoDem, organisée à Dijon par Vincent Peillon. Et alors? Certes, ce n'est pas bien élevé de débarquer dans une fête quand on n'a pas été invité. Mais de là à en faire une telle histoire, à employer des mots d'une telle violence, poissés de machisme. Vincent Peillon a beau jeu de dire que cet épisode a occulté le fond du débat qu'il avait initié. Mais s'il avait relativisé l'évènement au lieu de le monter en épingle, on n'en serait pas là. A ce point d'accablement où se trouvent tous ceux qui désespèrent de voir la gauche se ressaisir enfin.

On peut évidemment trouver un avantage à ce genre de bisbilles. C'est qu'elles fassent des morts. Beaucoup de morts. Et autant de ménage dans le trop-plein de candidats au leadership du PS. Voire qu'elles finissent par provoquer l'éclatement d'un parti indigne de ses responsabilités historiques. Car le problème est bien là, et l'épisode Royal-Peillon l'éclaire de façon caricaturale. Tant que le PS n'aura pas désigné son chef de file pour les prochaines présidentielles, le pitoyable feuilleton de sa décomposition se poursuivra inexorablement.

Les institutions de la Vè République, qui associent la prééminence du président élu au suffrage universel, et leur pratique récente par un N. Sarkozy concentrant et incarnant comme jamais tous les pouvoirs, poussent évidemment à la guerre de personnes plutôt qu'au débat d'idées, au choc des égo plutôt qu'à la mise en place d'une équipe et d'un projet. L'attitude de certains médias, enfin, à l'affût de la querelle bien saignante et de la petite phrase assassine, n'arrange pas les choses. Qui, la semaine dernière, a rendu compte du contenu du débat sur l'éducation organisé par Vincent Peillon et ses invités? .../...
La crise que nous traversons signe l'échec du capitalisme financier et de la théorie monétariste selon laquelle le marché s'auto-équilibrant naturellement, toute intervention de l'Etat, toute tentative de régulation ne pourraient être que nuisibles. Comment ne pas voir qu'il y a là un boulevard pour la gauche?

.../... Les changements climatiques en cours sont non seulement porteurs de catastrophes naturelles, mais aussi de guerres et de conflits sociaux d'une ampleur inusitée. Il y a ainsi urgence à penser le rôle des Etats et des organisations internationales face à ces défis qui dépassent de très loin les compétences du seul marché. Il y a urgence à revoir nos modes de production et de consommation, nos conceptions purement quantitatives de la croissance et du progrès. Il y a urgence à redéfinir notre démocratie pour que chaque citoyen, chaque usager, chaque consommateur soit en mesure de faire entendre sa voix. Au moment où le capitalisme, soutenu par l'actuelle majorité, montre clairement ses limites, c'est cette réflexion que l'on attend de la gauche en général, et du parti socialiste en particulier.

Michel Abescat - Télérama

23 novembre 2009

Lui n'en a pas besoin, Sarko, si

Je parlais de lui il y a peu, lui qui m'a accompagné amicalement dans bien des circonstances, qui m'a entrainé à sa suite dans les rues d'Alger et les routes de Kabylie. Jamais absent, trouvant le mot juste, la phrase qui reste dans les moments de moral moyen tendance médiocre, d'interrogation ou de déception (qui ne sont, de nos jours, pas chichement comptés), il réapparait dans les médias à l'approche de l'anniversaire de sa mort imbécile, le 4 janvier 1960.

Camus aurait 97 ans. Rien n'empêche de penser qu'il pourrait être encore présent et répondre en personne à notre vénéré Président. C'est ce que j'imaginais dans mon billet du 29 octobre.

C'est à ses enfants, "les jumeaux" Jean et Catherine, de répondre aujourd'hui. J'ai toujours eu de l'admiration pour eux deux, que je n'ai jamais vus, qui ne font parler d'eux qu'à l'exception, à l'occasion par exemple de la publication du "Premier homme", dont le manuscrit incomplet a été retrouvé près de la Facel Véga qui a tué Camus. De l'admiration pour cette discrétion, ces interventions rares et toujours opportunes, ce que l'actualité confirme.

J'imagine qu'ils sont tous les deux "légataires universels" de la pensée et de l'oeuvre de Camus. Jean refuse, Catherine hésite et cette hésitation est infiniment honorable : "il était la voix des pauvres et des modestes et cela a un sens que le souvenir de cette voix puisse être aujourd'hui au Panthéon ; mais que cette voix ne soit pas instrumentalisée..."

Tout cela est juste, le refus comme le doute. Le refus, parce que Camus répondrait aujourd'hui haut et fort à Sarkozy comme à la politique gouvernementale si "Combat", comme lui même, existait encore. Le doute parce que dans 20 ans, Sarkozy sera loin, loin l'idée que c'est lui qui l'a fait entrer au Panthéon, et que Camus sera toujours présent.

C'est ça, la bonne question, et même la réponse : Camus n'en a pas besoin, Sarkozy, si.

Alors, camusienne de base, je me sens plus proche de Jean tout en comprenant Catherine. Mais l'un et l'autre sont respectables.

A Sarkozy, je ne demanderais qu'une chose : a-t-il lu "La Chute" ?

Michèle Delaunay