22 juin 2009
Un climat de peur
L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme, qui publie ces jours-ci son rapport annuel, rappelle que tout au long de l’année 2008, la répression à l’encontre du mouvement social en Iran, qu’il s’agisse des défenseurs des droits des femmes ou des minorités, mais aussi des syndicats et des étudiants, n’a cessé de croître. La fermeture du Centre des défenseurs des droits de l’homme, fin décembre 2008, en a constitué l’un des exemples les plus frappants. Les jours précédant le 1er mai 2008, des arrestations se sont multipliées en Iran, «dans le but», nous dit le rapport, «d’intimider les syndicalistes et de créer un climat de peur».
La Terreur comme méthode de gouvernement semble avoir été le but poursuivi par les autorités iraniennes. L’utilisation massive de la peine de mort - plus de 345 pour 2008 -, et sa publicité macabre, n’ont eu pour but selon nous que d’accentuer ce climat délétère. Mais paradoxalement, la société civile a su utiliser cette violence aveugle de l’Etat comme levier pour en dénoncer les outrances (utilisation de la lapidation, pendaisons de personnes mineures au moment des faits), et mettre en évidence l’absurdité d’une telle politique.
L’ampleur de la répression n’a eu d’égal que le courage de ces défenseurs iraniens, qui ont osé affronter le régime, et l’ont souvent payé cher. Les femmes, surtout, qui ont lancé la campagne «One Million Signatures», pour obtenir l’égalité de statut entre les sexes dans la loi iranienne, ont continué de subir un harcèlement judiciaire constant, mais elles ne se sont jamais découragées. Et elles sont nombreuses à faire partie des manifestants qui demandent l’annulation du scrutin présidentiel. L’ampleur de la fraude électorale a certes joué le rôle de révélateur pour ces Iraniennes et Iraniens qui descendent aujourd’hui dans la rue. Elle a montré aussi que l’engagement de ces défenseurs qui ont dénoncé patiemment et pacifiquement les incohérences de ce système n’a pas été vain.
A leur manière, ces avocats, ces journalistes, ces militants associatifs, ou ces simples citoyens ont préparé le terrain nécessaire à cette prise de conscience. Roberto Saviano rappelle fort justement, dans la préface du rapport, que «les droits de l’homme font partie de l’air que nous respirons, et renoncer à savoir, à connaître et à agir signifie renoncer complètement à soi-même».
ERIC SOTTAS secrétaire général de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT)
SOUHAYR BELHASSEN présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme
21 juin 2009
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