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17 juin 2009

Irréprochable et studieuse

Qu'on se le dise: pendant que le Parti Socialiste soigne sa gueule de bois post-Européennes, Ségolène Royal, elle, travaille. Les quadras du PS, Pierre Moscovici et Manuel Valls en tête, appellent à des primaires ouvertes à gauche? La toute nouvelle vice-présidente de l'Internationale socialiste préfère parler du fond. Lundi 15 juin, la présidente de Poitou-Charentes a ainsi animé le quatrième rendez-vous de son université populaire participative. Le thème: "Quel nouveau modèle de développement économique et social pour l'après-crise?" 

Vers 18 heures 15 les portes s'ouvrent enfin et la foule des militants et sympathisants mais aussi de simples curieux s'engouffre dans l'escalier central. L'événement est victime de son succès, les chaises manquent, et les derniers arrivés s'entassent dans le couloir.

Celle que tout le monde est venu voir apparaît, bronzée et souriante. Ségolène Royal prend le micro. Alors que toute la presse attend une réaction post-scrutin européen, elle donne le ton. "Le contexte politique [...] renforce notre volonté de travail, de dialogue, d'écoute et de proposition". Sur les élections européennes, elle n'émet qu'un seul petit commentaire: "Cette abstention appelle un sursaut, une audace nouvelle." Et s'autorise un constat: "Sur le parti socialiste je dirai juste un fait non polémique ce sont 6,7 millions de voix qui ont été perdues depuis le premier tour de l'élection présidentielle."

Puis on passe au programme de cette très sérieuse université populaire. Les organisateurs ont fixé cinq défis et invité sept experts pour y répondre. L'ambiance est studieuse, presque scolaire. Un par un, les intervenants prennent la parole, rétroprojecteur à l'appui. Vingt minutes par personne, le compteur tourne sur l'écran géant. Dans la salle, les participants tendent l'oreille. Jacques Attali se lance dans une explication de la crise, son intervention est saluée par des applaudissements appuyés. Jacques Barbier, président du Réseau Eco-industries de Poitou-Charentes prend la suite, n'oubliant pas de saluer l'implication et le bilan vert de "la présidente" de région.

La représentation syndicale, les raisons de la crise, la croissance verte, une transparence accrue du pouvoir à tous les échelons, un "Small Business Act" à l'échelle européenne, une veille industrielle... L'université tente de dessiner un nouveau monde.

L'opération fait effet. Pendant les différentes démonstrations, une feuille circule dans la salle, le public se prête volontier au jeu du participatif. "Vient le moment de l'échange avec la salle", annonce Ségolène Royal, qui anime la soirée en lieu et place d'une Aurélie Filipetti annoncée. Pendant vingt minutes, les invités répondent aux questions du public, les autres questions trouveront leur réponse sur le site Internet.

Ségolène Royal prend une dernière fois la parole saluant "une très très grande qualité de l'université " et la "densité et diversité des interventions". "J'ai toujours la volonté de mettre en avant la nouvelle génération, c'est très important qu'elle ait la parole", insiste-t-elle pour introduire Guillaume Garot et Delphine Batho, chargés de la conclusion. Le premier résume les propositions. "Il y avait de l'espoir et du désir d'avenir, alors continuons ensemble", conclut-il.

La seconde, interrompue régulièrement par les applaudissements, appelle à de nouvelles règles du jeu et à poursuivre le travail pour "redonner confiance en la gauche". Ségolène Royal, un pied dans le parti, l'autre en dehors, s'est abstenue de tout commentaire. Irréprochable et studieuse...

eag64 avec LEX

16 juin 2009

Ségolène Royal s'inquiète de l'abstention aux européennes

Pour le PS, "ce sont 6,7 millions de voix qui ont été perdues depuis le premier tour de la présidentielle, surtout chez les jeunes, les femmes et les quartiers populaires", a remarqué la candidate socialiste en 2007 devant plusieurs centaines de personnes réunies à la mairie du IVe arrondissement de Paris pour cette réunion sur le "modèle de développement pour l'après-crise".

"Ceux qui subissent la crise sont ceux qui se sont détournés du vote", a poursuivi Mme Royal. Elle a vu dans les près de 60% d'abstention le 7 juin, "avec des pointes à près de 90% dans de nombreux quartiers de banlieue en passant par 70% chez les 18-30 ans, 70% chez les ouvriers et employés", "un message politique de la part de ceux qui attendent parfois désespérément des solutions porteuses d'espoir".

"Cette abstention appelle un sursaut, une audace nouvelle", a souligné la présidente de la région Poitou-Charentes.

Ségolène Royal a plaidé pour "un nouvel ordre économique, social et écologique" susceptible de répondre aux défis de la gouvernance de l'économie mondiale, de la construction de "sécurités nouvelles", de la "révolution écologique", de la "libération des énergies" et de la "révolution démocratique".

Face à la "vague verte" qui a vu les listes Europe Ecologie talonner le PS, la présidente de Poitou-Charentes, citant le sociologue Edgar Morin, a estimé qu'"une politique qui n'engloberait pas l'écologie serait mutilée, mais qu'une politique qui se réduirait à l'écologie serait également mutilée".

Fidèle à sa démarche participative, Mme Royal ne s'est exprimée que 11 minutes, laissant ensuite la parole aux experts invités, les économistes Jacques Attali, Philippe Aghion et Jean-Paul Fitoussi, le syndicaliste CFDT d'ArcelorMittal Edouard Martin ou encore le président du Centre des jeunes dirigeants Gontran Lejeune.

Cette discrétion sur la crise au PS était délibérée, a expliqué le président de Désirs d'avenir Jean-Pierre Mignard. Ségolène Royal veut "prendre de la hauteur", "ne veut pas être donneuse de leçons" et recherche "un discours de convergence au-dessus des courants", a-t-il expliqué à la presse. Sept autres "universités populaires participatives" sont programmées jusqu'en février 2010, à raison d'une par mois.

D'où le "refus absolu" de l'ex-candidate, plus que jamais favorable à une "trasnformation radicale" du PS, "d'entrer dans des discussions internes trop crispées", comme la question des primaires qui a resurgi depuis la débâcle européenne.
Ceci étant, "à chaque fois qu'il y aura des grandes décisions à prendre, elle descendra dans l'arène", a prévenu M. Mignard.

L'ex-candidate a opéré un rapprochement spectaculaire avec Martine Aubry avant le conseil national du 9 mai dernier. Les deux adversaires du congrès de Reims ont décidé de se voir régulièrement. Elles déjeuneront d'ailleurs ensemble mardi à l'occasion d'une rencontre entre Mme Aubry et les présidents de région socialistes pour préparer les élections de mars 2010.
Jean-Pierre Mignard a toutefois rejeté la proposition de la Première secrétaire d'inclure l'ex-candidate dans un "conseil des sages". "La sagesse, ce sont les militants, pas les sages", a-t-il lâché.

Dans le même esprit, M. Mignard a salué les déclarations "très lucides" de Bertrand Delanoë, qui a comparé dans "Le Monde" daté de mardi la situation du PS à celle de la SFIO dans les années 60. "On pourrait cosigner aujourd'hui une motion avec Bertrand", a ironisé le président de Désirs d'avenir.
AP