Notre chère assemblée nationale a voté le lundi 28 septembre la proposition de loi « Carle » ( député majorité), sur le futur projet de financement des écoles privées sous contrat.

Les municipalités seront obligées de financer, sans aucun accord préalable, la scolarité des élèves fréquentant une école privée hors de leur commune de résidence. C’était déjà le cas pour des élèves dans les écoles publiques des communes voisines, mais le maire pouvait s’y opposer si sa propre école était en capacité d’accueillir les enfants. Cette fois la contribution sera rendue obligatoire quand les critères suivants ne seront pas satisfaits: "capacité d’accueil", "obligations professionnelles" des parents, "raisons médicales" et "fratries" !

Vu la brutalité de la loi, les commentaires acerbes et imagés qui ont suivi dans la presse vont bon train….tels que :
« Supposez que vous ne trouviez pas bonne chez vous l’eau de votre robinet, faudrait-il pour autant que l’état prenne en charge l’achat d’eau du commerce en bouteille ? Bien sûr que non !! »
« Imaginez que sous prétexte que les transports collectifs dans votre commune soient un temps défaillants, vous bénéficiez par la loi du remboursement par votre municipalité de vos frais quotidiens de taxi, vous trouveriez ça scandaleux ! » Ce n’est guère différent de la loi "Carle" discutée à l’assemblée.
Un autre exemple s’il en est encore besoin, serait de faire financer une clinique privée parce que les soins dispensés par l’hôpital public vous paraîtraient insuffisants ...etc.

A y regarder de près, cette nouvelle mesure revient à admettre que Nanterre finance Neuilly !!
En fait il ne faut pas être dupes, les raisons d’une certaine hémorragie de l’école publique sont évidentes et bien connues :
L’école publique -fleuron de la nation- doit accueillir tout le monde sans exception et ne peut sélectionner, ce que font trop souvent les écoles privées. De plus, devant la soi-disant dépense "budgétivore" de l’éducation nationale et pour mieux servir son camp, l’actuel président a pour objectif de privatiser au maximum tout le système d’enseignement que l’on doit à Jules Ferry. Pour y parvenir, il convient par tous les moyens d’asphyxier l’école publique de l’élémentaire à l’université et de démontrer au peuple que ça ne fonctionne plus. En supprimant la carte scolaire au lieu de l’améliorer, en supprimant des milliers de postes d’enseignants, en dévalorisant des diplômes ( ex : Bac Pro ) on décrédibilise l’école publique. Une des prochaines étapes sera l’institution du « chèque éducation ». Les familles pourront inscrire leurs enfants dans les établissements les moins disant en frais d’études, mais obtenant les meilleurs résultats sur le "marché éducatif" !! Cela s’appelle la privatisation de l’enseignement. Où va-t-on ? ….Assisterions-nous, impuissants, à la fin programmée de l’école publique ?
Alors que beaucoup d’établissements privés nageront dans l’opulence, on va progressivement voir se développer les ghettos, où seront confinés les enfants du petit peuple, le communautarisme avec la concentration dans des écoles d'enfants musulmans,noirs, jaunes …

Alors que le sort de la laïcité est ici gravement remis en question, on entend peu les républicains et les laïcs. Où sont ceux qui se revendiquent les héritiers de Jaurès ? On observe un étrange et inquiétant silence à ce sujet. Nos députés -dits- de gauche ne font même pas le service minimum pour s’opposer à ces mesures et défendre l’école publique de la république !!
Faudra-t-il un nouveau Jean Jaurès pour dénoncer ces coupes sombres et ces attaques en force de "notre" école publique ?
Citoyens, jeunes et anciens, réveillons-nous avant qu'il ne soit trop tard.........

André BATIGNES – octobre 2009