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20 mai 2009

Le Sarkozysme est un frein à l’innovation

La France des médias et du numérique est une petite république bananière. Le potentat local nomme les fermiers en chef, décide du règlement et des corporatismes à protéger comme de ceux qui n’ont pas droit de cité. Tout cela pourrait être l’expression d’une volonté éclairée, de celle qui propulse la France sur les chemins du virtuel, hélas, il n’en est rien.

Prenons les événements dans l’ordre. A peine arrivé, le locataire de l’Elysée annonce qu’un grand ménage sera fait dans le paysage audiovisuel - loi sur la suppression de la publicité sur l’audiovisuel public-, et qu’une loi viendra renforcer l’arsenal juridique contre les échanges de fichiers sur Internet - Internet et Création. Des voix s’élèvent contre ce double fait du Prince, et dans la foulée, le Château accède à une vieille demande de la presse : organiser les états généraux du métier. Un tranquillisant efficace pour beaucoup de ces barons du papier - la donation s’élève à plusieurs centaines de millions d’euros d’aide, une dose de mammouth ! La toile est dressée, il est temps d’y flanquer les couleurs.
Seulement, voilà, cette précipitation, ou du moins, cette marche forcée a cela de désolant qu’elle fait complètement l’impasse sur le numérique. Il n’est question que de sauvetage d’une presse moribonde (qui remplit les tuyaux avec la peur au ventre de voir son lectorat s’échapper), ou de faire l’opinion en décidant du nom du président de France Télévisons ou de Radio France, ou encore de privilégier le recettes publicitaires de groupes audiovisuels incapables d’évoluer vers les horizons du numérique.

Punition

Pis, la manoeuvre politicienne atteindra des sommets lorsque le secrétaire à l’économie numérique, Eric Besson, le félon, aura à digérer un sabre long comme le bras le jour de la remise de son rapport sur le numérique. Ce texte n’est pas sans bonnes idées, mais l’absence du patron dans la salle de réception de l’Elysée en scelle la destinée. Rien ou presque ne sera appliqué. Le message est clair. Exit Besson, parti semer le trouble à l’immigration, et bienvenue à Nathalie Kosciusko-Morizet. Tout de suite, cette dernière, qui a reçu cette charge comme une punition, lance un Grenelle des antennes téléphoniques, puis s’envole vers l’Asie pour voir ce qu’il en est là-bas des services de télévision mobile personnelle. Enfin, elle défendra quelques "mesurettes" décidées à la sauvette qui viendront s’inscrire dans le plan de relance de l’économie. Une fois encore, le numérique est oublié, passé à l’As, réduit à la portion congrue...
Le temps des nominations ne faisait que commencer. Celle de Jean-Luc Hees à la tête de Radio France prendra bien des observateurs de cours. Sans juger de son action future, il faut bien avouer que celle-ci a de quoi susciter l’incompréhension au regard des défis qui attendent la maison ronde. Et une fois de plus, c’est le numérique qui prend. Jean-Luc Hees, l’a dit, répété, il n’y connaît pas grand chose. Il aura le temps de se former, mais pourquoi alors perdre la compétence de l’ancien président de Radio France, qui est peut-être parti d’aussi loin, mais à, lui, eu tout le temps d’être formé et de saisir l’importance de l’enjeu.
Le prochain dossier sur le bureau sera celui du prochain président de France Télévisions. Les premiers noms circulent depuis longtemps déjà, mais l’Elysée a déjà prouvé que les surprises seront encore nombreuses. Du moins devrait-on éviter les giscardiens qui ont pris d’assaut cette noble maison avec le précédent locataire de l’Elysée.

Taux de criminalité

Dernier nom en date, celui de Stéphane Richard, un proche du Président et directeur de Cabinet de la Ministre de l’Economie et des Finances. Là encore, il n’est pas question de savoir ce qu’il fera une fois en poste, mais d’analyser les conséquences de cet acte. Le mandat de Didier Lombard, l’actuel président de France Télécom tient encore sur deux ans. Cependant avec le nom du successeur désormais connu, Didier Lombard sait qu’il n’a plus le droit de bouger une oreille, surtout dans un contexte de crise, afin d’éviter l’investissement qui mettra les finances dans le rouge et précipitera son éviction. Le rideau est baissé sur France Télécom, les concurrents n’ont plus vraiment d’inquiétudes à se faire lors des 24 prochains mois, le géant saura rester docile. Paradoxalement, voilà qui pourrait représenter une occasion pour SFR, Bouygues ou Free de prendre les devants en innovant, sait-on jamais.
De quelle image bénéficie le numérique tout en haut de l’Etat pour être traité de la sorte ? Si l’on reprend les déclarations des barons de la majorité, le Web 2.0 est un objet non encore identifié, et le réseau des réseaux n’a rien à envier, en ce qui concerne la taux de criminalité, aux territoires en guerre. Cerise sur le gâteau, le Net est un territoire vierge de lois, où le contrôle de l’Etat est un lointain mirage. Incompréhension, méconnaissance, caricature, peur, tout est réuni pour que l’Internet devienne le sauvageon qu’il faut éduquer, dresser, s’il lui prend l’idée de résister. Qu’elle est loin alors, l’idée selon laquelle le numérique est un territoire neuf, qu’il convient de comprendre et d’utiliser et non pas de coloniser, la rolex au poignet.

(Electronlibre)

19 mai 2009

Gris & Flottement

Il y a comme du flottement dans l'air. Flottement d'abord sur la ligne: après avoir lancé la campagne sur le thème du vote anti-sarkozy, Martine Aubry a rectifié, passant du vote utile au vote efficace, se qualifiant elle-même de proposante et pas d'opposante.
On a déjà fait mieux pour la clarté d'un message.

Flottement ensuite sur le collectif: difficile de faire rentrer sur la même photo l'ensemble des leaders socialistes. Un coup c'est meeting avec B.Delanoë, un coup avec F. Hollande, la prochaine fois ce sera avec Ségolène Royal. Mais à quand l'affiche commune, à quand le slogan commun?
Chacun parle son langage et particulièrement celui qu'on attendait le moins et qu'on entend beaucoup actuellement, F. Hollande qui dans l'attitude et dans les mots assume désormais ses ambitions pour 2012 et fait la leçon. Une attitude qui horripile M. Aubry. Des amis d'Aubry le qualifient d'ailleurs de "pervers pépère".

Flottement enfin sur l'attitude politique: le PS est entré dans cette campagne avec une ambition médiocre. Jamais l'objectif de battre l'UMP n'a été affiché. Une attitude de repli qui consiste plus à sauver les meubles qu'à passer brillamment l'obstacle. Une campagne un peu grisâtre qui peut encore se réveiller dans les quinze derniers jours.