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14 mai 2009

Jean Daniel, nouvelle prise de l'ouverture à gauche ?

Le talentueux éditorialiste de l'Observateur a été invité à déjeuner à l'Elysée en compagnie de Denis Olivennes et de Jacques Julliard. Il en est revenu avec un récit baroque mais qui a dû faire les délices des conseillers de l'Elysée. La France est en panne, mais l'ouverture, ça marche !

Nicolas Sarkozy est un magicien gramscien. Il a tout faux ou à peu près en matière de réforme. Chaque jour ou presque voit les corporations françaises manifester leur colère dans la rue, souvent soutenues par une grosse partie de la population. Le mot même de réforme est en passe d’être définitivement grillé de notre vocabulaire politique. Notre Président ne peut plus se rendre nulle part en France sans ses 80 gardes du corps (!) et ses armées de policiers en tenue blindée.
Mais il y a un domaine dans lequel le sarkozysme excelle. Un réussite qui ne se dément pas depuis le début du quinquennat : l’ouverture, au risque de la déréliction de la gauche. Le phénomène en devient aveuglant avec Hadopi, qui voit
les artistes de gauche les plus sectaires, type Pierre Arditi, rejoindre en klaxonnant les bancs audiovisuels du gouvernement. Cette défaite idéologique en rase campagne est patente à la lecture de l’éditorial de l’incroyable Jean Daniel :

« C'est un président très présent mais nullement survolté, aux traits pleins, rassérénés et apaisés, toujours prompt à la riposte mais laissant volontiers parler, économe de ses gestes et à l'aise dans un nouveau rôle présidentiel, qui nous parle en ce jour anniversaire de ses deux années à l'Elysée. Nulle trace de ressentiment dans ses propos. Et, en dehors d'un regret formulé sur le rôle du président géorgien, Mikhaïl Saakashvili, et sur la désignation par Israël d'un ministre des Affaires étrangères contesté, aucun jugement désagréable. Pas même sur les médias. Pour un peu, s'il le connaissait, il citerait le mot de Léon Blum : « J'ai acquis devant l'injure la sérénité du couvreur sur le toit
».

Il estime ne pas avoir subi de stress particulier. Le stress avait eu lieu avant qu'il ne fût président, quand il avait quelqu'un au-dessus de lui. Déprimé, parfois ? Réponse : jamais. La dépression vient, selon lui, d'un rêve non réalisé (Fabius, Juppé) ou bien lorsque cesse l'exercice du pouvoir (Giscard, Mitterrand, Chirac). Il est déjà, quant à lui, préparé à une telle échéance. L'idée de se représenter dans trois ans lui est, assure-t-il, complètement étrangère. N'a-t-il pas de lui-même, sans que personne ne lui en inspire le projet,  limité le pouvoir à deux mandats? D'autre part, une telle idée implique la vie -et donc l'avis - de sa famille. Autrement dit, Titus ne quittera pas le bonheur avec Bérénice pour les alcools du pouvoir. Il répond à l'avance à l'objection selon laquelle se représenter pourrait constituer un devoir en disant que nul n'est indispensable, nul n'est irremplaçable, il se trouvera toujours quelqu'un de valable pour lui succéder dans trois ans.
»
Message numéro 1 : Nicolas Sarkozy a oublié d’être fébrile. C’est un Président serein et modeste qui fête ses deux ans à l’Elysée.

Poursuivons cette lecture instructive :
« L'énergie qu'il met à nous convaincre lui tient lieu de sincérité et, au cas où certains d'entre nous demeureraient incrédules, au moins nous contraint-elle à nous demander pourquoi il la dépense. A quoi peut lui servir d'assurer les Français que le pouvoir n'est pour lui qu'une parenthèse ? A justifier une impatience frénétique dans les entreprises de réformes tous azimuts ? A répondre aux accusations qu'on lui fait d'user et d'abuser d'un pouvoir trop personnel? Non, puisque  le président n'estime pas que son tort principal soit l'exercice plein, entier et assumé des responsabilités. « Les grandes choses, on les décide seul car le consensus interdit l'audace. Reste que les grandes réformes, comme la décolonisation ou l'élection au suffrage universel, sont nécessairement impopulaires au départ puisqu'elles modifient le cours des choses. »
Message numéro 2 : le Président est impopulaire parce qu’il est un grand réformateur.

« À la question de savoir quelle idée il se fait de son impopularité, il répond que jamais l'un de ses prédécesseurs n'a connu une crise mondiale de cette ampleur. Trois pour cent de récession, c'est du jamais vu depuis plusieurs décennies ! Mitterrand et Chirac, alors même qu'ils ne connaissaient pas cette crise, ont été autant sinon plus impopulaires à cette période de leur mandat. De toute façon, ajoute-t-il,  la crise va m'aider car les Français ne voient personne d'autre pour y faire face et, à la condition qu'il reprenne lui-même la concertation et la communication, en particulier sur l'Université et la santé, ils comprendront mieux qu'avant l'urgence des grandes réformes. En tout cas, la crise lui permet d'affirmer qu'il n'appartient plus à un seul camp, et en tout cas pas à la droite. Ignorant les critiques de Martine Aubry, de François Bayrou et les nôtres, il fait comme si sa dénonciation des dérives du capitalisme financier devait suffire à lui donner une image de gauche. Or on ne sache pas que le fameux discours de Toulon ait été suivi d'effets visibles et concrets
Message numéro 3 : le Président est plus à gauche que ses représentants officiels (Merci Guaino !)

« J'observe que le président devrait s'inquiéter du fait que les violences sont souvent populaires et que telle séquestration de patrons et tel saccage de locaux provoquent davantage, même dans les milieux conservateurs, une compréhension solidaire qu'une condamnation indignée.  Nicolas Sarkozy passe outre. Il fait confiance à la responsabilité des chefs syndicalistes : « Je suis le président qui a eu le plus de contacts avec les syndicats. Je fais le plus grand cas de ce qu'ils me disent. J'apprécie le secrétaire général de la CGT. Nous ne sommes pas d'accord, mais je l'apprécie. » Sarkozy est très fier de son nouveau projet social : il veut mettre en place dès septembre un système où tout licencié économique se verra garantir son salaire pendant un an en échange d'une formation qualifiante. Il ne veut pas de « faux filets de sécurité, type RMI ». Il veut des filets qui ramènent à l'emploi. D'où le Revenu de Solidarité Active (RSA). Ensuite, lorsque Sarkozy évoque son intérêt pour l'industrie, son goût pour les usines et son amour pour les ouvriers, on se dit que, s'il avait à célébrer son second anniversaire, ce ne serait plus au Fouquet's mais au mur des Fédérés. »
Message numéro 4 : Le Président est très pote avec la CGT

« T
andis que notre déjeuner se termine, nous nous disons que nous n'avons pas encore tout à fait percé le secret de ce président jeune et ludiquement impétueux, si peu conforme à ceux qui l'ont précédé dans ce palais et qui, en dépit de ce qu'il dit avec sincérité, joue avec volupté à imprimer sa marque dans l'histoire. »
 
Message n°5 : Le Président va rentrer dans l’histoire. (On ne rit pas SVP)

Bref, même le communicant le plus affuté de l’Elysée n’aurait pu imaginer un hommage pareil. Voici près de vingt ans, Franz-Olivier Giesbert passait du Nouvel Obs au Figaro. Aujourd’hui, c 'est l’esprit du Figaro d’avant qui s’est infiltré à l’Observateur. Car Jean D’Ormesson, lui, est beaucoup plus critique envers Nicolas Sarkozy.

P.Cohen

13 mai 2009

Clarification

Si Ségolène Royal n'est pas certaine de participer (en fait elle n'a pas donné de réponse) au meeting de la région Grand Ouest pour les Européennes, le 27 Mai prochain en présence de Martine Aubry c'est qu'elle se demande juste ce que les dirigeants du PS attendent d'elle.

"Elle a été invitée. (...) A elle de décider si elle veut venir soutenir ses camarades…" nous dit un dirigeant du PS qui a le sens de la formule lapidaire.

Comme l'a dit Ségolène Royal dans son livre "Femme Debout" à propos des dernières élections législatives et municipales : "On a fonctionné sur les vieux réflexe et surtout sur ma culpabilité." (...) "François Hollande m'a dit : "Tu es un formidable agent électoral". Ils sont venus me chercher et ils me renvoient après, sans ménagement" (page43).

Là encore, il semblerait que l'histoire se répète ou pour le moins bégaie!

Pourtant, Ségolène Royal n'a pas manqué, par le passé, de soutenir les candidats de son parti, notamment durant les élections municipales, où elle a multiplié les déplacements et les bains de foule. A l'époque, aucune critique des socialistes n'avaient percé, laissant Ségolène Royal faire tranquillement la tournée des salles.

Les remerciements de nos camarades ( Delanoë, Hollande, Aubry, Fabius, Bartolone, Cambadélis, Hamon et tous les autres) lors du congrès de Reims ont été "à la hauteur" de son investissement... puisqu'ils ont décidé de lui faire barrage.

C'est pourquoi, aujourd'hui, nous demandons légitimement la clarification des rapports entre la direction du parti et Ségolène Royal: nous nous interrogeons sur la "mission internationale" à laquelle Martine Aubry avait un temps songé pour elle : Que devient cette fameuse mission ? Quelle responsabilité lui donne-t-on ?

Ségolène Royal et tous nos camarades voudraient bien en savoir plus.

C'est bien le moins, non ?