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18 mai 2009

«L'Hebdo des socialistes» accusé de censure

Il parait que les think tank et, plus généralement, la consultation des intellectuels est à la mode au PS. Mais il reste quelques progrès à faire pour un véritable débat ! Qu'on en juge plutôt : l’économiste Jacques Sapir accuse de censure le journal du PS dans un long communiqué. Au cours d’un entretien accordé à L’Hebdo des socialistes,  il a eu le malheur de ne pas être en accord avec la ligne du parti à la rose.

De quoi remonter notre homme : « A la question qui me fut posée sur la possibilité de faire passer une directive européenne harmonisant les conditions sociales et rendant ainsi impossible le « dumping » social et salarial, j’ai eu le tort de répondre avec ma franchise habituelle (…) que je tenais une telle proposition pour une illusion, au mieux, et au pire une hypocrisie. (…) C’est alors que mon interlocutrice me coupe la parole pour me dire qu’il était impossible de passer dans son journal une telle réponse. Elle était certes prête à conserver la première partie de mon interview, mais en aucun cas elle ne publierait la seconde, car elle était contradictoire avec la position du PS. Quand je lui fis remarquer que, n’étant pas militant ni sympathisant de ce parti, je pouvais avoir les positions qu’il me plaisait d’avoir ce qu’elle n’était pas sans ignorer au début de l’interview, elle me répondit qu’elle n’était point là pour faire de l’information mais de la communication. (…) Je passe les détails de la – grosse – colère qui me saisit et qui ne m’a point quitté et je mis fin à l’entretien en disant que soit, elle passait la totalité de mes propos soit elle n’en passerait aucun. Ce qu’elle fit, en me disant que jamais ses “supérieurs” ne sauraient les accepter. »

Contactée, la rédaction de L’Hebdo des socialistes confirme bien que l’interview de Jacques Sapir ne passera pas. Mais pas pour les raisons invoquées par l’économiste : « C’est juste un changement de programme. Ça arrive souvent que des “trucs” sautent. On est en pleine campagne européenne et finalement on a décidé de mettre en valeur un autre sujet que le dumping social. » Et lequel ? « On ne sait pas. Ça n’a pas encore été validé… »

Aux plus anciens des lecteurs de Marianne, cela doit sûrement rappeler quelque chose...

Gérald Andrieu


17 mai 2009

Moins 3

Ne nous affolons pas! C'est le message que Christine Lagarde et François Fillon ont martelé hier toute la journée alors que le pays se trouve dans la plus grande récession de son histoire. Les deux ministres ont quasiment utilisé les mêmes mots pour exprimer la même idée : certes le contexte est difficile, mais notre pays résiste mieux que tout le monde. Il peut donc voir venir.

Peut-on se satisfaire de cet optimisme forcé? Bien sûr que non. Il y a encore peu, C.Lagarde assurait sans une hésitation que la France ne connaîtrait pas la récession… Mais la réalité de la crise a démenti chacune des prévisions de son ministère, jusqu’à ce chiffre de - 3 % de croissance pour 2009.

Certes, notre PIB recule moins fortement que celui de certains de nos voisins ( Espagne, Allemagne par exemple). Le modèle social français - que pourtant Nicolas Sarkozy et son parti ont décrié à longueur de réunions publiques- a sans aucun doute servi d’"amortisseur". Mais se contenter de le constater serait irresponsable. Le gouvernement doit réévaluer son plan de relance à l’aune de ces nouveaux indicateurs. Contrairement à ce qu’il répète jusqu'à plus soif, l’accroissement plus que probable du chômage dans les mois à venir - et par conséquence la baisse des revenus des ménages - pourrait ainsi le contraindre à une relance de la consommation afin de garantir la légère progression du premier trimestre.

De même, la chute de l’investissement tend fortement à démontrer que le gouvernement n’a pas fourni un effort suffisant dans ce domaine. Dans un contexte social tendu, Sarkozy aurait tout intérêt à montrer qu’il prend en compte toute l’ampleur de la crise. Sous peine de se retrouver dans une posture délicate au prochain trimestre, si l’économie s'enfonce encore un peu plus.